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Prises de notes sur les articles d’Anthony Masure

Anthony Masure rédige entre 2011 et 2015 de nombreux articles sur la suite Adobe et plus généralement sur les softwares studies, en se basant sur des écrits de Lev Manovich et Matthew Fuller. En 2013, il publie sur son site « Le logiciel au pouvoir »,

Anthony Masure, « Le logiciel au pouvoir », Note de lecture du livre de Lev Manovich Software takes command, Interfaces numériques, no 3, vol. 2, décembre 2013, https://www.anthonymasure.com/articles/2013-12-manovich-logiciel-pouvoir

en réaction au livre Software takes command de Lev Manovich.

« Contrairement aux machines qui ne sont pas renouvelées si fréquemment que ça, les programmes sont mis à jour dans des flux en temps réel. »

Les software studies sont un champ de recherche interdisciplinaire initié au début des années 2000 par Lev Manovich et Matthew Fuller, qui étudie les rapports des nouvelles technologies avec l’art et la culture. Les logiciels n’échappent à quasiment aucunes professions humaines -> Importants de les analyser d’un point de vue esthétique, politique etc.

Lev Manovich s’appuie sur des recherches d’Alan Kay, pour qui l’ordinateur est un méta-médium, il est un environnement qui permet de simuler d’anciens médias. La nature même des interfaces serait de simuler le réel. Il est en réalité bien différent -> L’exemple du livre numérique, qui peut en fait changer à l’infini. Pourquoi avoir chercher à simuler d’anciens médias? La simulation s’accompagne ensuite de nouvelles fonctionnalités: le copier-coller, la recherche par mots-clefs, qu’une bonne partie du livre essaye d’interroger. Le livre se focalise sur les logiciels de créations « media softwares », et n’à pas l’ambition d’analyser un spectrre plus large. La thèse du livre est que tout les médias aujourd’hui n’existent qu’à travers les logiciels. Le livre propose des pistes de recherches pour élaborer un design des programmes cohérent et pertinent.

En 2011, il publie « Adobe : le créatif au pouvoir ».

Anthony Masure, « Adobe : le créatif au pouvoir », Strabic.fr, « L’usager au pouvoir », juin 2011, https://www.anthonymasure.com/articles/2011-06-adobe-creatif-pouvoir

Il présente une publicité sur le site Adobe en 2011: Jean est félicité par ses collègue pour sa présentation. Il utilise les "solutions" Adobe, qui lui offrent simplicité et créativité. Encore cette idée que le logiciel rend les choses simple et extraordinaire à la fois. Il développe dans cette article la puissance marketing de la suite hégémonique. Il revient sur l'analyse de Lev Manovich, dans le langage des nouveau médias, qui analyse le mode d’existence contemporain des logiciels sous l’angle d’une « logique de la sélection ».

"La richesse supposée du programme tient à l’accumulation de choix à sélectionner : toujours plus de lignes et de curseurs déplaçables. Les publicités ciblant les habitués de la marque sont orientées dans ce sens, elles ne font la plupart du temps que lister les nouveaux ajouts de menus."

Anthony Masure, « Adobe : le créatif au pouvoir », Strabic.fr, « L’usager au pouvoir », juin 2011, https://www.anthonymasure.com/articles/2011-06-adobe-creatif-pouvoir

"La création serait donc fonction d’une suite de choix à régler dans des listes prédéfinies", "Il enclot notre réflexion dans des choix donnés", "La création est simple, rapide, c'est un processus sans effort et resistance".

Le logiciel donnerait le pouvoir au créateur, en lui offrant les outils nécessaires.

[Les programmes Adobe\ "Ils organisent une « mise à disposition » de la créativité (Pierre-Damien Huyghe)", ils sont réactifs, ne bug pas, et il n'est pas necessaire d'écrire du code pour créer.

Les sources d'inspirations aussi sont automatisée et simplifiées. On les retrouves dans des sites dédiés pour l'inspiration, ou des images sont cataloguée et des mots clés regroupent toutes les images entre elles pour organiser une sorte de consensus autour d'une même idée.

"S’opère ici une économie de la radicalité ou de l’imprévu par la recherche d’un consensus sur un même mot-clé (keyword)."

L'idée est toujours de donner l'impression que la création est facile, " par la navigation sans effort parmi des galeries d’images lissées."

Ce nouveau pouvoir donné au créatif est représentatif d'une volonté de démocratiser la création ( favorisation du crack, marketing aggressif,aucune alternative dans les écoles d'art...) Adobe adapte et conçoit de nouveau produit en fonction de l'émergence de nouveau métier, Anthony Masure parle de Adobe Cue pour les chef de projets, et aujourd'hui il y'a surtout Adobe XD qui est passé dans les must-have de la suite adobe, suite à l'avènement des UX/UI designers.

"Automatisation des fonctions, travail organisé en « chaîne de production » (Adobe), capitalisation de « l’imagination au pouvoir » de quelques grands groupes… autant de notions qui articulent l’idée d’une production sans accrocs et sans fin, c’est-à-dire une production industrielle. L’organisation croissante au tournant du siècle des systèmes de fabrication a pour but d’achever l’idée d’une réalisation qui irait droit du concept à l’objet. Cette absence de divergence est encouragée et guidée par des méthodes qui deviennent systèmes : taylorisme, fordisme… Ils visent à donner place à chaque outil, étape, personnel de production."

L'ouvrier est dépendant de son outil, qui effectue la tâche à la perfection. Il est dépossedé de son savoir-faire. Il n'y à pas d'écart possible, et Anthony Mazure fait la comparaison avec les Manuscrits Économiques de Karl Marx qui traite de l'alienation et la soumission a la machine, et qui alerte sur l'ordre autoritaire de l'industrie pour contenir les risques d'indiscipline des ouvriers. Cette analyse marxiste, bien que rapide, permet déjà de faire un premier rapprochement entre le prolétaire ouvrier et l'assistant de création: tout deux sont dépendant de leurs outils/machines, qui font le travail à leur place sans écarts.

"Il faudrait alors déplacer les notions d’aliénation et de subsistance vers celles de dépendance et de pensée dans un système prédéfini et difficile à déplacer."

Le logiciel Adobe n'est pas aussi limitatif que peut peut-être l'être une machine industrielle, mais il délimite quand même un périmètre de création. De plus, rien n'indique chez Adobe une volonté "d'ouverture vers l'imprévu". Jurg Lheni, avec des projets comme Scriptographer, s'est bien rendu compte que les mises à jour incessante rendait impossible toute intervention extérieure. Comme Apple qui n'admet pas qu'un réparateur non agrégé répare leurs saint-appareils (https://www.arretsurimages.net/chroniques/clic-gauche/apple-et-lautoreparation-la-grande-illusion), Adobe ne met rien en œuvre pour qu'un autre programmeur intervienne dans ses systèmes.

Anthony Masure pose alors la question suivante: Est-il pertinent que la création soit au service du marketing, et qu'elle soit envisagée comme une économie d'effort et de modalités? Pour lui, les autres voies possibles sont celle qui laissent place au hasard, à la divergence, et peut-être également au temps. Des pratiques qui seraient plus proche du terme "design".

"L’outil numérique serait à envisager comme un champ de possibles qui ne serait pas autoritaire et normé (deux notions habituellement liées au pouvoir)."

L'open source, avec la forme d'horizontalité qu'il induit, tend plutôt à être du côté de l'usager. Sa conception ouverte est totalement différente du logiciel propriétaire, puisqu'elle permet le partage du "pouvoir" aux membres de la communauté.

"Il y a ici une forme de valorisation qui ne passe pas par des logiques de profit, une économie de la connaissance qui fait de l’usager un contributeur (Bernard Stiegler)."

Les codes sources ouverts permettent une amélioration du programme depuis la base, ou une adaptation du programme en fonction des besoins, ce qui en fait un objet non stricte :

Le pouvoir de changer librement éloigne ce type de programme des notions de système (pas de ligne figée, ni de concepts inamovibles) et de dispositif (pas d’idée de manipulation ou de rapport de force).